Il s'agit ici de traiter la question du point de vue d’un soutien périphérique à la monarchie espagnole qui s'exprime à travers le Machiavelismo degollado […] de Claude Clément (1596?-1642). Cet angle d’attaque présente un double intérêt. D'abord, l’auteur est un jésuite partisan de l’autorité du pape, de culture francophone mais bourguignon de patrie et surtout profondément espagnol dans sa défense de l’autorité de son prince naturel. Ensuite, le texte construit ce qu’on pourrait appeler une identité impériale « supranationale » à l’exemple de la loyauté envers le roi d’Espagne dont fait montre sa petite patrie bourguignonne. Contre les attaques anti-espagnoles, par les armes ou par les textes, Clément propose une redéfinition de l’Espagnol qui dépasse les particularismes pour magnifier l’unité religieuse et politique de l’empire. Contre la légende noire, il en construit une autre, dans une partition morale du monde qui dépasse largement les diverses « nationalités ». Cette identité supérieure se matérialise, pour lui, dans le rejet d'un Autre multiforme mais identifiable et la lutte armée contre lui. Celui-ci se reconnaît à sa nationalité, suédoise ou française, à son hérésie protestante ou à son pragmatisme politique athée ou encore à son refus de reconnaître le pouvoir temporel du pape. Bien plus qu’un traité contre Machiavel, cette réfutation s’inscrit dans le vaste mouvement de justification des actions de l’Espagne depuis l’instauration du tribunal de l’Inquisition jusqu’à l’engagement en Allemagne aux côtés des Impériaux.